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Jour 0 : le chaos

Il y a quatre ans, après une énième nuit d’alcool, je me suis réveillée dans le plus profond des chaos. La gorge serrée, le cœur en miettes, les yeux pleins de larmes, le corps engourdi et tremblant. J’ai pris la fuite pleine de sanglots sous le regard désemparé de mes amis. La honte pour seconde peau, j’ai pensé mettre un coup de volant ce matin-là en redescendant de la montagne. Juste après le virage où j’étais passée tant de fois. J’ai crié comme une hystérique, la vue embuée, rouge de colère. Me foutre en l’air dans le bas-côté. En finir avec les drames, soulager ma conscience.


J’ai eu peur que rien ne puisse plus s’arranger. Comme si j’étais arrivée au bout de la route. Coincée dans une voie sans issue. J’ai hurlé de douleur en arrivant chez mes parents. Face à leur effroi, j’ai su que c’était la dernière fois. J’ai laissé transpirer toute ma détresse, comme pour m’en remettre à eux. Et j’ai su que c’était maintenant, qu’il n’y aurait pas de vol retour. 


J’ai eu peur que rien ne puisse plus s’arranger. Comme si j’étais arrivée au bout de la route. Coincée dans une voie sans issue.

J’avais épuisé tous les jokers et tous les mensonges possibles, j’avais vidé toute l’énergie qui me restait pour compenser et réparer mes erreurs. J’étais à poil. Il n’y avait plus que mes failles grandes ouvertes, le cœur à vif et la tête en bouillie. Une fatigue insurmontable, j’étais complètement dépassée. Peu de mots ont été échangés, c’était clair pour tout le monde. On savait que j’étais arrivée au bout du combat avec moi-même.


Je me suis enfermée dans la solitude pendant une semaine. A coup de clopes et de café, j’ai refait le film de ma vie et j’ai revu tous les faux pas, tous les risques pris, tous les pieds de nez à la réalité, toutes les tragédies évitées de peu. J’ai pris conscience que je l’avais échappé belle, que j’étais une rescapée.


Le visage bouffé par les larmes, le sommeil détruit par le mental qui se réveille, le corps affaibli qui n’avale plus rien, j’ai fini par demander de l’aide. Mon amie d’enfance est venue me tirer des ténèbres. Et c’est là que tout a commencé. Un sevrage en bon et dû forme. Confinées entre 4 murs, on a inventé un monde sans alcool. On a créé notre royaume de sobriété en vivant le jour sur la terrasse et en regardant les cimes nous offrir une étendue de possibilités.


Nous qui avions tellement partagé la fête et ses excès ensemble, on a retrouvé notre amitié d’antan. La relation pure et légère de l’adolescence quand les rires suffisaient à nous divertir. Sans substance, sans artifice, on s’est redécouvertes. On a mis des paillettes dans la quarantaine, on a testé tous les breuvages sans alcool, on a écouté “La belle vie” de Sacha Distel en chantant à tue-tête, on est allées au Monop en pyjama et masquées comme des espionnes en mission, on s’est fait dorer toutes nues sous le soleil, on s’est adonné à l’apéro matinal en buvant du Pastis sans alcool, on a dépoussiéré Véronique et Davina avec nos séances de gym tonic, on s’est lovées l’une contre l’autre sous la couette en gloussant… On a tellement ri. On a aussi beaucoup pleuré mais surtout d’émotion et de joie.


Après un mois et demi dans notre bulle, en plein confinement et coupée du monde, j’ai enfin vu la porte s’ouvrir sur de nouveaux horizons. Fraîchement sobre, j’ai pris le large pour tout recommencer au bord de l’océan. 







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