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Jour 1460 : adieu vino

Cher vin rouge,


Toi et ta jolie robe rouge, ta présence intense et ton pouvoir de séduction, j’aimais tant nos escapades dans les régions de France et surtout du côté de Bordeaux plutôt que de la Bourgogne. Là-bas tu te révélais si vigoureux et intense. J’étais accro à ton caractère fort et à ton goût amer. Ta subtilité haute en couleur, la douceur de te sentir glisser en moi, les frissons quand tu commençais à me faire effet.


Toute cette illusion que tu t’évertuais à nourrir en remplissant mes verres. Toutes ces promesses ratées et les lendemains tristes après la passion de l’ivresse. Tu m’as fait croire que tu étais mon meilleur ami, mon partenaire de vie, mon pilier. Je pensais que nous étions inséparables, que te perdre rendrait ma vie triste et solitaire. Tu t’es bien moqué de moi en m’abreuvant de mensonges.


Tu m’as fait croire que tu étais mon meilleur ami, mon partenaire de vie, mon pilier. Je pensais que nous étions inséparables, que te perdre rendrait ma vie triste et solitaire.

Je ne suis plus en colère contre toi, j’ai accepté que cette manipulation fasse partie de toi. J’ai accepté le pouvoir insidieux que tu as exercé sur moi pendant si longtemps. Enfin libérée de ton emprise, je ne te laisserai plus jamais rentrer dans ma vie. Tu ne me feras plus pleurer, tu ne foutras plus tout en l’air. Tu ne fracasseras plus ma tête après les nuits passées à tes côtés.


Quatre ans que je me suis désintoxiquée de toi. Pour être honnête, le bonheur a vite remplacé la peine. J’étais prête pour cette rupture depuis un petit moment déjà. Tu m’as fait retomber si souvent dans tes bras, pour me maltraiter de plus en plus violemment. Je ne pouvais plus te laisser abuser de moi. 


Le temps panse toutes les blessures. Il y a quatre ans, je n’imaginais pas un instant pouvoir me débarrasser de toi. Depuis que je t’ai quitté, tu ne m’obsèdes plus. Je n’ai plus peur de manquer. Je n’erre plus le soir pour te trouver chez l’épicier. Je ne crains plus que tu sabotes toutes les belles opportunités. J’ai repris confiance en moi, je me sens capable de réussir dans tout ce que j’entreprends.


Adieu ancien amant, je suis bien mieux sans toi. Je suis prête à te dire aurevoir à jamais. J’ai eu des doutes les premiers mois, aujourd’hui je suis certaine. Tu es rangé au fond de la boîte de Pandore, je l’ai enterrée bien profond dans une autre vie. 


Je t’ai définitivement oublié. J’ai trouvé tellement mieux que toi, quelqu’un qui me comprend beaucoup mieux et qui respecte toute celle que je suis. J’ai rencontré la sobriété, ce genre de connaissance que tu ne fais qu’une seule fois et qui te révèle à toi. Elle est dure à apprivoiser, elle est très intimidante au début, mais j’ai vite découvert le feu sous la glace et les trésors qu’elle avait à m’offrir. 


Alors regarde moi bien danser ce soir. Je n’ai plus besoin de toi pour lâcher prise. Pour rire et étreindre ceux que j’aime ardemment. Merci de ne pas t’inviter à mon anniversaire de sobriété. Tu pourras bien t’installer à la table, je ne te remarquerai même pas. Pauvre de toi, tu as perdu ton pari. J’ai la fureur de vivre et tu ne me l’enlèveras pas. Tu pourras bien souiller la nappe, mais tu n’entacheras pas cette nouvelle victoire. Tu n’abîmeras plus ma jolie robe… Adieu vino !







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