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Le syndrome du Nuage Rose

Après quelques semaines d’abstinence, j’étais sur un petit nuage. Une fois surmontés le chaos émotionnel et les difficultés du sevrage, je me sentais pousser des ailes, forte des bénéfices de cette nouvelle vie sans alcool. Pleine d’espoir et confiante quant au maintien de ma sobriété, j’étais en train de goûter au syndrome du Nuage Rose.

J'ai compris que la sobriété n'avait pas gommé la réalité et qu'elle ne serait pas toujours rose.

Le syndrome du Nuage Rose décrit un état d’euphorie et un excès de confiance qui apparaissent souvent aux prémices du rétablissement. D’abord observé au sein des AA (Alcooliques Anonymes), ce sentiment est souvent rapporté par des personnes dépendantes en voie de guérison, même si toutes ne l’expérimentent pas. A défaut d’études sur le sujet, j’ai pu trouver des témoignages qui convergent et dans lesquels je me suis reconnue.


Une personne addict se confronte à tant de difficultés et de souffrances, que la sortie de cette dépendance peut apparaître particulièrement libératrice. Après la détresse psychologique et physique provoquée par l’arrêt de la substance, un nouveau champ des possibles s’ouvre à soi, un nouveau monde d’opportunités et de bien-être. De nombreux usagers ont admis que ce sentiment d’excitation leur a donné de l’espoir après le chaos que l’addiction avait amené dans leur vie.


Pour ma part, j’ai très vite constaté les bénéfices de l’arrêt d’alcool : des nuits réparatrices, des réveils énergiques, un corps qui change. Un moral au beau fixe, débarrassé des redescentes et des gueules de bois etc. L’expérience de ces bienfaits est particulièrement encourageante et stimulante. J’arrivais alors à me projeter dans une vie épanouie sans alcool avec des perspectives optimistes. J’étais enthousiaste par rapport à mon rétablissement, dans un état d’esprit calme et serein. Pleinement engagée dans des changements de vie positifs.


Cet état d’excitation a duré 6 mois. J’ai mis beaucoup d’énergie et de travail dans cette nouvelle sobriété. Bercée par ces sentiments si agréables, je me suis un peu détachée de la réalité en restant dans ma bulle de bonheur. Jusqu’à une déception amoureuse qui m’a renvoyé mon alcoolisme en pleine figure. Submergée par mes émotions, j’ai soudainement repris conscience de ma fragilité. J’ai eu envie de boire pour noyer mon chagrin. Après avoir acheté une bouteille suite à un intense craving, j’ai fini par la jeter dans la poubelle au prix d’une lutte sans merci contre la voix de l’addiction. J’ai compris que la sobriété n’avait pas gommé la réalité et qu’elle ne serait pas toujours rose. La sobriété physique est juste un premier pas vers la sobriété émotionnelle. J’allais devoir maintenant apprendre à gérer mes émotions face aux aléas de la vie, et sans m’appuyer sur la bouteille.


Le nuage rose peut parfois nous amener à occulter les réalités qui nous entourent dans tous les domaines de notre vie (familial, professionnel, financier, etc.). Sortir de la dépendance change notre vision du monde mais pas ses vérités. Il n’est pas possible de rester indéfiniment dans la joie extrême. Redescendre les pieds sur terre peut apporter son lot de déceptions et il faut pouvoir se prémunir pour aborder au mieux ces désillusions.


Comprendre ce qui nous attend sur le chemin du rétablissement peut aider à maintenir une routine de vie saine où les petites avancées construisent le succès sur le long terme. La confiance et l’espoir que procure la sobriété dans ses débuts peuvent être un véritable levier pour construire ce nouveau chapitre. Profiter de ces bienfaits en pleine conscience peut permettre de booster son moral et de se préparer au chemin qu’il reste à parcourir.


Si vous en souhaitez en savoir plus (en anglais) :

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